jeudi 2 juin 2011

Le rut des crasses

Nous avancions bottés casqués
gueules cassées
les murs criards promettaient
leur ration de chair fraîche
à nos ventres affamés.
Nous croisions les corps fardés
de pulpeuses poupées
le sexe offert à prix cassé
que nous laissions – seigneurs-
aux laissés pour compte de la fornication .
Nous étions les combattants en lutte
pour l’assouvissement de nos besoins impérieux
impériaux impératifs
promis par une société du con
du cul de la toute puissance.
Nous tournions autour de la beauté diaphane
et inaccessible des vierges fragiles .
arrachions leur masque de vertu
et découvrions sous le caoutchouc blanc
les yeux avides et fiévreux
de femelles enflammées
ricanant de nos démarches raides
et de cette absence de sex-appeal
qui nous caractérisait si justement.
A nos corps empêtrés
elles préféraient les corps nerveux
et abrupts des mâles en rut
qu’elles chevauchaient fièrement
signifiant métaphoriquement leur position dominante
dans la grande hiérarchie sexuelle.
A chacun selon ses besoins
hurlions-nous sous la lune
à chacun selon ses moyens
de séduction gémissaient-elles
d’une voix rauque sous les coups de boutoir
de leurs partenaires éphémères.
Nous fracassions nos organes inutiles
sur le bitume de la rue noire
et remettions nos masques
sales de larves humaines
partions à la recherche
de nos âmes sœurs
frigides à la santé fragile
jouant la vieille rengaine écœurante
de l’accord des cœurs et crachions de concert
sur l’explosion de la frustration
conséquence de la concurrence généralisée
en matière de concupiscence
sur la mise en coupe réglée
de la sécurité orgasmique
due à la mise en place de la copulation libérale.
Nos membres turgescents brandis
bras d’honneur lancés à la face
de la grotesque mascarade
de la libération sexuelle.
Nous étions enfin.
Nous.

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